Le 27ième festival international de musiques anciennes d’Ambronay se termine demain, après quatre semaines d’activité consacrées aux sonorités encore peu explorées d’Europe Centrale.
Simplement intitulée « Ballades en Bohême », cette manifestation culturelle aux multiples facettes a eu pour vocation de montrer comment diverses cultures ont pu s’entrecroiser dans cette région obscure que traversent aussi bien de profondes forêts que des villes au passé prodigieux, telles que Prague ou encore l’incontournable Vienne.
Une trentaine de concerts aux répertoires très variés, allant de la Renaissance au folklore traditionnel, ont été joués. Deux scènes spéciales ont accueilli les performances : l’une située dans une abbatiale millénaire à l’acoustique exceptionnelle, et l’autre sous un chapiteau spécialement monté pour l’occasion et joliment baptisé « la Roulotte ». Les sonorités de Haydn s’y sont donc entrechoquées avec celles de compositeurs orientaux moins célèbres tels que Josef Myslivecek, pourtant surnommé en Europe Centrale « le Mozart de Prague ». Du Mozart, le public pourra aussi en écouter avec la représentation de son Requiem, joué demain en prélude à une autre messe des morts, celle de son ennemi fantasmé Antonio Salieri. Ironie du sort ou clin d’œil teinté d’humour noir, il s’avère que l’on célèbre cette année les 250 ans de la naissance du compositeur autrichien.
Egalement invités à ce festival, le cinéaste algérien Tony Gatlif, passionné des Balkans, ainsi qu’un ensemble turc jouant d’instruments arabes traditionnels. Par ailleurs, des ateliers pédagogiques ont été organisés permettant à la jeune génération de découvrir les musiques anciennes et d’assister gratuitement aux répétitions.
Récemment popularisée par le metteur en scène Emir Kusturica, rendue incontournable depuis l’élargissement européen, la Bohême se révèle donc comme un carrefour culturel en permanente effervescence, entre peuples et musique, entre histoire et traditions. Parfois saltimbanque, la musique d’Europe Centrale est tout à l’image de ses auteurs et interprètes : nomade, plurielle et pleine d’émotion. Profiter de ces sonorités incongrues est une façon rare et profonde de percevoir ce qui se cache au creux du Danube.
Octobre 2006
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