Wednesday

LU et APPROUVE. Francis Mizio, de Bibliobs.com

"(...) Non: je ne raconte pas n’importe quoi, simplement: «Tout est vrai parce que j’ai tout inventé», écrivit Vian. Le réel et la fiction ne sont pas deux choses distinctes: cessez je vous prie de croire cela et raccrochez fermement le téléphone si on vous appelle pour vous le seriner au lieu de vous placer une cuisine aménagée. La réalité n’est qu’une question d’imagination (les Irlandais disent qu’elle est une hallucination due au manque d’alcool, un particularisme local sans doute). J’en veux pour preuve ce qu’a fait ce prêtre brésilien («Courrier International» n°913 du 30 avril) qui s’est envolé à 6.000 m d’altitude suspendu à une grappe de 1000 ballons multicolores gonflés à l’hélium. On a retrouvé les baudruches flottant sur la mer, ratatinées comme un texte de la nouvelle chanson française, mais toujours pas l’homme de Dieu, ni ses GPS et téléphone portable. 15.000 fidèles en seraient affligés."

Pour lire la totalité de l'article:
http://bibliobs.nouvelobs.com/blog/vis-comica/ou-se-cache-le-tueur-de-chanteurs-francais
Mai 2008

Friday

SOCIETE. Pédophiles, chômeurs, consanguins… Pourquoi ils nous fascinent

Deux années, deux catégories, deux cartons. 2007, Muriel Barbery défie les lois de la gravité littéraire en vendant plus de 700 000 exemplaires de son « Elégance du hérisson », un portrait piquant d’une concierge bougrement érudite. 2008, rebelote, au cinéma cette fois. Les Ch’tis partent en vadrouille et torpillent le record du plus grand nombre d’entrées enregistré pour un film français. Un point commun aux deux œuvres : une certaine fascination pour la « beauferie », un tendre mépris des élites, bref, une réhabilitation à mots couverts de la « France d’en bas ».
Des antihéros pourtant, la littérature et le cinéma en ont connu d’autres. Il suffit de plancher quelques instants sur l’œuvre de Flaubert (tout le monde se souvient de la casquette en lapin de Charles Bovary…), de Beckett ou de Milos Forman (Salieri, génie de médiocrité…) pour comprendre qu’il n’est point besoin d’être héroïque pour être digne d’intérêt. Mais c’est peut-être justement là que le bas blesse.
En effet, la niaiserie plus ou moins savante des personnages qu’incarnent tantôt la concierge Renée, tantôt Dany Boon (aka Antoine Bailleul) sont avant tout des ressorts comiques propres à créer des tensions où la parole et le geste interviennent comme des détonateurs. Impossible de résister à leurs moqueries, même bienveillantes, quand on pense aux gaffes de Philippe Abrams (le supérieur hiérarchique de Bailleul) ou aux railleries de ladite Renée. Mais voilà, le fait est qu’une fois le mot « fin » arrivé, il ne reste plus grand-chose. Au mieux, un souvenir ému. Au pire, la franche sensation de s’être fait arnaqués.
De tels succès laissent perplexes, et nécessiteront sans doute quelques années avant d’être totalement éclaircis. A moins que leur caractère anecdotique ne reprenne finalement le dessus. Car il semblerait somme toute un peu paradoxal de compter parmi les « chefs d’œuvre » des productions qui, par définition, nient toute hiérarchie (sociale, culturelle) et confortent finalement les idiots dans leur idiotie, les « savants » dans leur mépris de l’inculture. Non pas que l’on doive pleurer sur les difficultés que connaissent nos chères élites bien-pensantes, mais qu’au moins, on puisse trouver regrettable que la culture dite « populaire » soit à ce point passéiste et revancharde. Après le « syndrome Amélie Poulain » d’une France déréalisée qui ne vit qu’au travers des autres, nous voilà maintenant devenus nostalgiques des corons. De quoi « brailler » un bon coup.
Mai 2007

SOCIETE. Capri, c'est fini

D’abord. D’abord… Il y eut un certain été 1936. Pour la première fois de son histoire, la France allait découvrir les joies (un peu arides) des congés payés. Foin des bocks et de la limonade, les Français s’étaient découvert une nouvelle passion : la glande ; et un nouveau lieu de pèlerinage : Palavas-les-Flots.
Et puis il y eut la guerre. Et avec elle, pêle-mêle, le Général de Gaulle, la télévision en couleur, la « ménagère », la Grande Motte, la pilule, la dépression. Images d’une France un brin ankylosée, qui peinait à regarder plus loin que le bout de son pare-brise.
Depuis, la France a quand même fait un bout de chemin. Premier pays touristique au monde, elle en profite chaque été pour repeupler une bonne partie de l’Europe avoisinante, et plus si affinités. Echange de bons procédés qui rappelle dans le même temps que la France sait exporter autre chose que des sans-papiers…
Ainsi donc, à l’heure des compagnies aériennes over low cost, des bikinis transparents et des boussoles électroniques, comment arriver à fuir cette population franchouillarde qui vous a tant de fois donné des envies génocidaires ? Et surtout, quel exotisme sera susceptible de –vraiment- vous toucher, une fois la patrie désertée ?
Si d’un point de vue analogique, toute mode est fille d’une autre mode même lointaine, alors il est possible de déceler dans certaines destinations fétiches d’aujourd’hui des chromosomes communs aux « rêves d’ailleurs » d’antan : la Mongolie pour les enfants de Mai 68; le trekking himalayen pour les nostalgiques de la randonnée transalpine ; le Wyoming, pour ceux du Connemara...
C’est une évidence, la France est has been. Bardot ne montre plus ses gambettes à Saint-Trop’ comme dans les films de Vadim ; Deauville est un pâle copier-coller du VII° arrondissement de Paris, et Capri, force est de constater qu’il en reste à peine un refrain. Nous avons beau changé d'utopie, de "non-lieux" pour parler étymologiquement, il arrivera bien un jour où nous n'aurons plus rien à nous mettre sous la dent.
Notre soif de « décentrement » n’est décidément pas sans écueils. Impuissante à rapprocher durablement les hommes, la mondialisation les a d’abord éloignés d’eux-mêmes. Pas étonnant dans ce contexte que le film très « terroir » de Dany Boon ait séduit une si grande partie de la population. "Bievenue chez les Ch'tis" a au moins ce mérite de voir les choses en grand, même en étant tout petit. Car le vrai snobisme aujourd’hui, c’est de fuir la pauvreté chez soi pour aller convoiter celle des autres, ailleurs. Triste tropisme.

Mai 2007

Thursday

EXTRAIT. L'art de se présenter, par Michel Leiris

Lu dans L’Express que Johnny Hallyday, qui semblait en perte de vitesse et qui ne s’était pas produit depuis sa tentative de suicide, a fait une rentrée triomphale à L’Olympia. Mais à quel prix ! Vers la fin, une bouteille de whisky à la main, il a ôté sa chemise et l’a lancée au public ; il a demandé s’il n’y avait pas ici une ”fille pour l’aimer …”. L’on dirait qu’à la différence des monstres “sacrés”, qui étaient encore des acteurs (jouant des personnages et qui prêtaient à la légende seulement dans leur vie privée), les “idoles” d’aujourd’hui (feu James Dean, Brigitte Bardot, JH, etc) sont appréciés dans la seule mesure où elles jouent leur propre personnage. Avec elles, plus de “distanciation” : pour son public, JH n’est pas un artiste qui chante des chansons, il est JH chantant.
Dans le domaine littéraire, l’intérêt porté à la littérature de confession est peut-être quelque chose du même ordre : on aime voir l’écrivain en chair et en os au lieu de s’intéresser seulement à ce qu’il écrit. […]
A la limite, on peut penser qu’un jour viendra où l’art ne sera plus qu’un médiateur gênant, écran interposé entre l’idole (sur quelque mode qu’elle s’exprime, théâtre, littérature ou peinture) et son public. Ou si un art subsiste, il se réduira à l’art de se présenter.
Michel LEIRIS, Journal, (27 octobre 1966)

Friday

EXHIBITION. Is art solvent?

This summary is not available. Please click here to view the post.