Saturday

TELEVISION. Arte fait son show

La chaîne franco-allemande Arte diffuse sur les week-ends de février trois programmes culturels consacrés à des spectacles en tous genre. Samedi 3 et 10 février à 22.30, l’émission Musica se consacre à la Folle Journée de Nantes 2007 et diffusera à cette occasion un portrait du chef d’orchestre Günter Wand, disparu il y a cinq ans. Samedi 17, le spectateur pourra découvrir l’opéra Cardillac de Hindermith, et le 24 l’opéra Eugène Oneguine de Tchaïkovski mis en scène par Robert Carsen, qui sera diffusé en direct du Met de New York. Le dimanche à 19h, l’émission musicale Maestro, également présentée par Annette Gerlach, proposera un cycle Daniel Barenboim où le pianiste-chef jouera uniquement du Beethoven. Et pour les matinaux, l’émission Le Spectacle du Dimanche programmera à 9.30 une pièce de théâtre ainsi qu’un documentaire en rapport avec elle. Jean-Louis Trintignant sera à l’honneur le 18 février dans la pièce de Nathalie Sarraute Pour un Oui ou pour un Non, et le 25 février Frédéric Ferney présentera le magazine mensuel Pièces montées, petit panorama de la création théâtrale contemporaine.
(Janvier 2007)

Thursday

EDITO. Pour rugir de plaisir...

Souvenez vous, c’était il y a dix ans. Une femme, blonde, à forte poitrine, tenait tête à un lion dans une publicité pour une barre de chocolat. Faisant preuve d’une incroyable souplesse de la mâchoire (organe qui ne sert d’ailleurs pas qu’à déguster des snacks sucrés), elle rugissait telle une lionne enragée à vingt centimètres de la gueule du fauve. De plaisir, à en croire le slogan qui vendait la marque.
Car dès qu’il s’agit de parler de plaisir, les slogans et doctrines affluent immédiatement. Du millénaire « Carpe Diem » au plus déconcertant « labeyrisme » (inventé par la marque de foie gras du même nom) en passant par les ascètes (qui refusent justement toute tentation), les goûts et les couleurs, bien qu’indiscutables, sont au coeur de nos discussions. « Comment accéder au plaisir ? », voilà la question qui semble empêcher nos sociétés de dormir. Puisque nous ne savons pas comment combattre la mort, tentons d’apprivoiser la vie. Le « pourquoi vivre » devient « comment vivre », mais la réponse à cette question n’est pas nécessairement plus évidente.
D’abord, il faut se persuader qu’il n’y a « pas de mal à se faire du bien ». Et déjà, la tâche n’est pas aisée. En effet, comment notre plaisir peut-il se sentir innocent face au malheur humain, omniprésent sur nos écrans comme ailleurs ? Qu’on se rassure très vite, l’économie est là pour nous éclairer. L’équation est simple : qui dit satisfaction du consommateur dit bonheur (personnel), et qui dit innovation dit croissance (collective). Le plaisir est donc un cercle vertueux. Non seulement c’est ceux qui en parlent le moins qui en mangent le plus», mais en plus le plaisir s’auto-alimente, tout narcissique qu’il est. Pour preuve, nous sommes parfois tout bonnement heureux d’être contents ; c’est dire notre stock de déceptions refoulées, mais cela après tout, on s’en moque.
Autre épineux problème : de quel plaisir pouvons-nous nous régaler ? D’aucuns diraient que l’orgasme est LE plaisir par excellence, satisfaction sensorielle tellement puissante qu’elle met tous les sens en émoi en même temps qu’elle les paralyse. Qu’à cela ne tienne, il faut donc jouir, et à tout prix. Quitte à négliger d’autres sources de satisfaction aussi triviales que la gastronomie, le jeu, voire « le plaisir du texte » façon Roland Barthes.
Mais le plaisir, après tout, c’est peut-être encore autre chose, plus caché et moins avouable. D’un côté, il y a un manque, donc un désir refoulé d’accéder à un objet (ou une personne) idéalisé. De l’autre, il y a la certitude que la satisfaction amène une réaction positive de notre part, aussi jouissive que rassurante. De là l’idée que le plaisir peut devenir tyrannique et se retourner aussi bien contre l’esprit que sur les sens. L’Homme devient autant dépendant à l’objet convoité qu’au manque qui a créé cette convoitise. Par conséquent, nous pouvons nous réjouir d’être en manque (d’argent, de sexe, du reste) sans quoi nous n’en aurions même plus envie.
Toutefois, cette idée ne doit pas figer notre attention sur comment allier l’inutile à l’agréable. Bien que contrôlable, le plaisir n’est pas indestructible. Plutôt que des jouisseurs, devenons donc des esthètes. Car, comme l’écrit Daniel Pennac, « les esthètes, eux, ne débandent jamais ».
(Janvier 2007)

FLASHBACK. Phantom of the Paradise, de Brian de Palma

Difficile de parler d’un “film culte” quand il est peu connu, et pourtant. Phantom of the Paradise, sorti en 1975, seul film musical du réalisateur des Incorruptibles et de Carrie, en est bien un.

Winslow Leach, chanteur à lunette assez peu charismatique mais bourré de talent, a une idée fixe : finir d’écrire sa comédie musicale, sorte d’opéra-rock qui revisite le mythe de Faust et dans lequel un jeune homme décide de vendre son âme au diable pour devenir… une pop star. De son côté, Swan, autoproclamé « plus grand producteur du monde » cherche une musique pour ouvrir le « Paradise », sa salle de concert tant désirée, temple ultime du rock où pourront se produire les artistes de son label joyeusement intitulé Death Records. Cigare au bec et costume trois pièces rose et beige, il décide de voler l’œuvre de Winslow et de l’envoyer en prison, séjour pendant lequel le pauvre compositeur dépossédé de tout devra troquer ses belles dents pour un dentier en acier moins classieux.
Heureusement, le jeune homme arrive (dans une scène d’anthologie) à s’évader de Sing Sing et décide de revenir pour hanter le « Paradise » qui va bientôt ouvrir ses portes avec son opéra. Après l’avoir retrouvé, Swan lui fait signer un contrat qui lui permet de récrire l’opéra pour sa muse, une chanteuse prénommée Phoenix. Enfermé à double tour pendant une semaine, Winslow devenu monstrueux suite à son évasion travaille d’arrache pied. Mais Swan projette d’employer un autre chanteur à la place de Phoenix, un certain Beef, travesti paranoïaque et drogué. Encore une fois, Winslow s’aperçoit du pot-aux-roses, et décide de se venger…
Réinventant le mythe de Faust et du tout aussi mythique Fantôme de l’Opéra, Brian de Palma réussit un coup de maître en alliant le rock, le surnaturel et le kitsch sans jamais devenir grotesque. Le combat de Winslow (pourtant peu sexy) pour retrouver sa dignité nous attendrit ; Swan, sa coupe à la Dave et son mètre soixante cinq sont jouissifs de perversion et de laideur ; Phoenix, candide et mégalo à la fois, chante divinement bien ; et Beef, accroché à ses talons de drag-queen et son rail de coke, est ridicule à souhait.
La scène de fin met tout le monde d’accord. Les vengeances et rivalités se règlent dans un carnage plutôt sage pour un de Palma mais stylisé pour l’occasion : décor rococo, costumes disco et danseuses en transe envahissent la scène tandis qu’un homme présent dans le public suit les faits et gestes de Winslow, apparemment déconnecté de toute réalité. Au-delà du pouvoir de l’image, des contrats bidons et des pactes diaboliques, le film construit un monde à part. Fantastique.
(Janvier 2007)

CONCERT. Musiciens au Musée d'Orsay et la Sorbonne

En partenariat avec le Musée d'Orsay et les Concerts de Midi en Sorbonne, l'Orchestre de Paris organise un cycle de musique de chambre du 19 janvier au 16 mars. Quatre concerts sont prévus à l'auditorium du musée et à l'amphithéâtre de la Sorbonne. Après les cycles sur Mendelssohn et l'Europe musicale, l'Orchestre dirigé par Christoph Eschenbach se consacre à la musique de chambre française du XX° siècle. Seront donc à l'honneur les compositeurs Debussy, Ravel, Poulenc, Roussel et Dutilleux, lui-même célébré par l'Orchestre tout au long de l'année. Leurs oeuvres seront interprétées par les principaux solistes de l'orchestre.
(Janvier 2007)

CHANT. Alagna en ligne

Vendu à plus de 400 000 exemplaires, l'album « Roberto Alagna canta a Luis Mariano » est désormais téléchargeable sur Internet. Le ténor français y interprète des classiques du chanteur d'opérette comme Mexico, Andalucia mia ou Vaya con Dios. L'arrangeur et directeur artistique Yvan Cassar (Johnny Hallyday, Céline Dion, Mylène Farmer...) a actualisé et adapté les 17 titres de l'album, inclus 3 inédits. Un opus uniquement disponible sur les plateformes de téléchargement légales.
(Janvier 2007)