Thursday

Babylon in London

Ce sont de drôles de bêtes qui animent les couloirs du British Museum. Des lions, précisément, de couleur bleue et or, peints sur la brique. Ceux qui ornent les murs colossaux de la légendaire cité de Babylone, acheminés depuis le Pergamon Museum, à Berlin.

Aux murs de la galerie, des tableaux sombres, ésotériques et puissants. Tous représentent Babel, la tour mythologique que les anciens voulurent construire pour rendre hommage au genre humain. Selon la légende, Babylone est une ville infernale, rongée par le vice. Une Sodome en Orient. Parmi ces tableaux se perdent quelques allégories de la luxure, mariant comme il se doit les femmes, le sexe et le vin...

L’atmosphère du lieu est solennelle et déroutante. Une question persiste : Babylone a-t-elle vraiment existé ? Les vestiges de l’édifice et les maquettes archéologiques en attestent. Vus de près, ces monstres de pierre de deux mètres de large impressionnent.

Au delà du mythe, la cité mésopotamienne, disparue au deuxième siècle après JC, abrite d’innombrables fantasmes, moraux ou esthétiques. On la voit ici représentée en bande dessinée noir et blanc, mais aussi en World Trade Center multicolore ou encore en pyramide de chaussures façon Paul Klee.

La lumière tamisée laisse deviner, plus au fond, une série de caractères cunéiformes gravés dans la pierre. Des inscriptions qu’on croirait coulées dans du sable et sculptées par le vent. Les courbes saillantes des caractères défient les lois de la géométrie. La conservation de l’objet est admirable, sa grâce est surprenante.

Au détour d’une salle, on aperçoit finalement une créature imaginaire en bas relief. C’est une sphinge à tête de serpent et pattes d’aigle. Elle marche, divine et menaçante.

Les visiteurs s’en vont troublés. Derrière une vitrine, au centre de la pièce, ils jettent un ultime regard à un édifice étrange, maquette d’un style archéologique perdu. Avec sa surface crénelée et ses escaliers de marbre, cette pyramide semble est à peine réelle. Perdue à tout jamais, c’est un vestige unique d’éternité.

Décembre 2008

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